Au 5e siècle avant notre ère, Démocrite, philosophe du rire, riait si fort qu’on crut bon lui faire voir Hippocrate pour le soigner de son délire. Le médecin trouva Démocrite assis dans l’herbe, en train de lire. « Je voudrais que l’Univers entier se dévoilât tout d’un coup à nos yeux, expliqua-t-il à Hippocrate. Qu’y verrions-nous, que des hommes faibles, légers, inquiets, passionnés pour des bagatelles, pour des grains de sable ; que des inclinations basses et ridicules, qu’on masque du nom de vertu… » Démocrite était matérialiste, en ce sens qu’il croyait en la matière. Que nous vivions dans un Univers rempli d’atomes et de vide, ce qui, à l’époque, pouvait très bien sembler dingue.
Ce n’est pas par hasard si le rire de Démocrite devint un élément récurant de L’éloge de la folie, d’Érasme.
Qu’elle soit due à une passion démesurée ou à un dérèglement de la santé mentale, la folie propulse les comportements au-delà de la raison. Ce qui a énormément de valeur littéraire. Lorsqu’Alice part de l’autre côté du miroir, ce n’est pas pour nourrir un quelconque narcissisme, comme lorsque Dorian Gray se perd dans son portrait, mais dans les deux cas, le résultat demeure complètement insensé. Parfois, c’est un dérèglement ou une injustice du monde lui-même qui provoque la perte d’un personnage. On n’a qu’à penser à Mary, héroïne de la nouvelle Le papier peint jaune de Charlotte Perkins Gilman, dont la dépression périnatale se transforme en psychose horrifique évoquant la condition de la femme américaine de la fin du 19e siècle, alors que les maisons y sont trop souvent des prisons pour dames.
Plusieurs auteurs sortant des normes furent affublés de troubles mentaux. Edgar Allan Poe, par exemple, s’est vu accolé de toutes sortes de maux sans qu’on ait la moindre certitude de leur existence : alcoolisme avancé, bipolarité, dépression chronique… Sa mort étrange n’a pas aidé à détruire le mythe du créateur fou, alors qu’il fut retrouvé saoul, vêtu de lambeaux, battus… en pleine période électorale où la corruption poussait des malfrats à vous attaquer, vous saouler, vous battre, et vous amener de force au scrutin voter pour leur employeur.
Ce monde est fou ! Alors, décrivez-le-nous en riant, car la revue Zinc cherche des nouvelles, essais, récits et illustrations pour son spécial « Folie ». Prêts à aller au-delà de la raison? Envoyez-nous vos productions par courriel à : revuezinc@gmail.com. Les textes doivent compter au maximum 5 000 mots. Toutes les soumissions doivent inclure une notice biographique et votre adresse postale. Bonne chance!