NUMÉRO 10
Pour ce numéro de Zinc, nous avons pensé demander à 14 écrivains québécois d’écrire leurs propres conseils d’écriture pour créer un outil de transmission du savoir entre les générations. Nous avons donc colligé ces textes remplis de recommandations pour l’édition, l’écriture et la lecture.
De mon côté, mon maître incontesté est Yvon Rivard, professeur de lettres à l’Université McGill. J’ai assisté à ses cours pendant des années sans y être inscrite officiellement et il réussissait toujours à m’étonner. Parfois, j’aimerais y assister de nouveau. Il a sur ses étudiants l’effet d’un gourou, comme ceux que l’on retrouve dans les méga-églises du sud des États-Unis et qui provoquent chez leurs fidèles des transes ou des évanouissements. Pourtant, cet homme admire Virginia Wolfe et Peter Handke comme s’ils lui avaient donné naissance, deux écrivains qui me laissent froide. Mais le savoir qu’Yvon Rivard m’a transmis est tricoté en moi pour toujours. Je crois d’ailleurs qu’il a marqué toute une génération d’écrivains.
Récemment, j’ai lu ceci dans La Presse : L’époque durant laquelle vous êtes vraiment en phase avec la culture contemporaine coïncide avec celle durant laquelle vous avez l’âge du meilleur joueur de hockey du moment. C’est d’une absurdité fondamentale, mais j’ai quand même pensé qu’Yvon Rivard est de ceux qui cultivent en eux la jeunesse éternelle.
Avant tout, la composition de ce numéro a été un exercice d’admiration envers tous les écrivains qui ont accepté d’y participer. La question qui est à la base de l’existence de ce Zinc « Lettres à un jeune poète » est la suivante : existe-t-il un malaise inter-générationnel chez les écrivains en 2007? Je souhaite ardemment que la réponse soit non. Ce numéro souhaite la réconciliation.