Au Québec, en 2008, on se demande encore ce que les Français pensent de nous. Ce qu’ils pensent de nos chanteurs, ce qu’ils pensent de notre accent, est-ce qu’ils trouvent nos villes ou villages beaux? Et que pensent-ils de notre littérature ? Nos écrivains sont malheureusement méconnus dans l’hexagone. Inspirée par les frasques de Yann Martel qui envoie un livre par mois à Steven Harper j’ai décidé, tout au long de l’été, d’envoyer des livres de littérature québécoise à des écrivains, professeurs et historiens français accompagnés d’une lettre, leur demandant de lire le livre et d’en faire un compte rendu. J’ai acheté une vingtaine de livres usagés à L’Échange sur Saint-Denis. Anne Hébert, Gabrielle Roy, Tremblay, Nelligan, mais aussi des écrivains plus jeunes …et les ait envoyé en spécifiant que s’ils n’avaient pas le temps d’écrire un essai, ils pouvaient simplement donner le livre à un ami. Ça m’a couté une fortune en poste outre-atlantique.
J’étais fébrile, j’attendais des réponses, et les réponses sont arrivées rapidement. Un professeur émérite de littérature comparée de la Sorbonne a même répondu à ma lettre. Ce qui m’a étonné c’est qu’une bonne proportion des livres qui ont trouvé preneur sont écrits par de jeunes auteurs. Je sais, je sais, ont dirait que c’est arrangé avec le gars des vues. Les textes des spécialistes français font l’objet d’un dossier spécial dans ce numéro de Zinc consacré comme toujours à la jeune littérature contemporaine Québécoise. Une étrange ménagerie comme je les aime. J’espère que cette expérience laissera de petites traces, que notre littérature nationale un jour sera reconnue chez nos cousins pour ce qu’elle est : une littérature francophone d’Amérique pleine de ruelles enneigées, de bêtes sauvages, d’aventure, d’épouvante et de patriotisme.
Mélanie Vincelette