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NUMÉRO 26

LAIDEUR
On tente rarement de définir la laideur, si ce n’est qu’en l’opposant à la beauté. Toujours l’envers de l’autre, elle est l’enfant pauvre de cette antique dichotomie. Pourtant, elle possède un pouvoir d’attraction tout aussi fort que la beauté. Et c’est pourquoi l’équipe du Zinc lui consacre sa 26e édition.

La beauté est dans l’œil de celui qui la regarde, nous dit-on. On pourrait aisément dire la même chose de la laideur, comme nous le rappelle Suzanne Myre dans un texte intitulé La beauté de Ming, où sa protagoniste vit un moment surréaliste et fort désagréable en compagnie de Françoise, qui se plaît à juger les gens qui l’entourent.

Chez Laurence Côté-Fournier la laideur est une malédiction, alors qu’elle est synonyme d’isolement et de pauvreté dans l’écriture de Guillaume Baribeau, qui nous amène à Tent City, où vivent des chômeurs et où poussent des champignons vénéneux.

Le photographe Jean-Sébastien Gélinas nous propose une émouvante série de photos de sa voisine Natacha qui a perdu 400 lbs. Quant à sa sœur Mélanie Gélinas elle un texte lyrique sur la chair plissée, lourde et marquée d’une femme obèse. On y explore la pudeur, les blessures, le poids de la honte.

Vous trouverez aussi dans ce numéro un drôle de cabot nommé Féo, imaginé par André Marois, qui suit son maître à la plage. Vous saurez enfin quel est, selon Dinu Bumbaru, directeur des politiques d’Héritage Montréal, le bâtiment le plus laid à Montréal, en plus d’apprendre ce qui corrompt les mœurs en 2012 d’après l’expérience du maquilleur spécialisé en effets spéciaux Rémy Couture.

On s’intéresse également à la physiognomonie, sorte d’horoscope de la physionomie, à l’équité en matière d’emploi et au Grand Lisboa Hotel de Macau. « La laideur se vend mal », écrivait le designer Raymond Loewy en 1952. Mais l’équipe du Zinc sait que c’est exactement le contraire.