Alors qu’elle était prisonnière en Angleterre, Marie Stuart a inventé une langue secrète pour communiquer et ainsi contrer sa solitude. La reine des codes secrets – mariée trois fois, veuve pour la première fois à dix-sept ans et dont le troisième mari a probablement tué le deuxième – a écrit des milliers de lettres cryptées afin de transmettre et recevoir des informations politiques et stratégiques. Elle semblait cultiver une vie intérieure qui lui a permis de survivre 19 ans en captivité. Les auteurs et autrices sont reconnus pour leur quête de solitude. Pour certains artistes, la solitude est le seul espace de création possible. Pour d’autres, la création commande de longs espaces ininterrompus afin que se déploie une œuvre. On peut se demander, néanmoins, si c’est toujours vrai aujourd’hui. Nous vivons dans une ère où le besoin d’approbation semble aussi fort que la soif de reconnaissance. Les gestes posés pour la mise en marché d’une œuvre semblent parfois supplanter l’acte créatif. On crée des œuvres pour pouvoir les annoncer. Tout va trop vite. Instagram semble totalement incompatible avec la création telle qu’on l’entendait autrefois. Pourtant, l’application semble avoir redéfini ce qu’est un texte littéraire. Les artistes y sont payés en likes et ce que ça rapporte est instantané. Mais, à travers tout cela, de plus en plus de gens semblent souffrir de leur solitude. La notion de vendre une œuvre ou d’en faire un métier a disparu dans l’univers numérique où prime la création de contenu gratuit au bénéfice de Mark Zuckerberg, d’Elon Musk et Jeff Bezos. Peut-être que la solitude est devenue une chose ringarde et que ceux qui la pratiquent, comme les religieuses contemplatives ou les moines bouddhistes, sont hors du temps.
NUMÉRO 65

Alors qu’elle était prisonnière en Angleterre, Marie Stuart a inventé une langue secrète pour communiquer et ainsi contrer sa solitude. La reine des codes secrets – mariée trois fois, veuve pour la première fois à dix-sept ans et dont le troisième mari a probablement tué le deuxième – a écrit des milliers de lettres cryptées afin de transmettre et recevoir des informations politiques et stratégiques. Elle semblait cultiver une vie intérieure qui lui a permis de survivre 19 ans en captivité. Les auteurs et autrices sont reconnus pour leur quête de solitude. Pour certains artistes, la solitude est le seul espace de création possible. Pour d’autres, la création commande de longs espaces ininterrompus afin que se déploie une œuvre. On peut se demander, néanmoins, si c’est toujours vrai aujourd’hui. Nous vivons dans une ère où le besoin d’approbation semble aussi fort que la soif de reconnaissance. Les gestes posés pour la mise en marché d’une œuvre semblent parfois supplanter l’acte créatif. On crée des œuvres pour pouvoir les annoncer. Tout va trop vite. Instagram semble totalement incompatible avec la création telle qu’on l’entendait autrefois. Pourtant, l’application semble avoir redéfini ce qu’est un texte littéraire. Les artistes y sont payés en likes et ce que ça rapporte est instantané. Mais, à travers tout cela, de plus en plus de gens semblent souffrir de leur solitude. La notion de vendre une œuvre ou d’en faire un métier a disparu dans l’univers numérique où prime la création de contenu gratuit au bénéfice de Mark Zuckerberg, d’Elon Musk et Jeff Bezos. Peut-être que la solitude est devenue une chose ringarde et que ceux qui la pratiquent, comme les religieuses contemplatives ou les moines bouddhistes, sont hors du temps.