Zinc est un lieu de rassemblement pour les auteurs de la nouvelle génération. La revue Zinc est un espace indépendant où la relève évolue et expose ses idées et ses fictions. Un lieu où art, lettres et culture se rencontrent pour fixer une polyphonie de discours qui s’entre-choquent, s’entrecoupent et se font écho. Zinc est un laboratoire pour la littérature de demain.
Notre souci est de faire naître un nouveau lignage tout en conservant comme valeurs le respect et l’admiration pour le travail des ancêtres littéraires. Zinc est à la fois un incubateur pour les écrivains de demain et une vitrine pour les auteurs plus connus qui font déjà partie de la relève artistique. Nous ouvrons les portes aux auteurs de talent en leur donnant la chance de publier pour la première fois. Zinc tente de forger un pan entier des nouvelles avant-gardes de la littérature québécoise pour que la culture francophone d’Amérique se poursuive et ne devienne pas un souvenir. Car pour avoir un pays, il faut l’investir, il faut l’occuper, non seulement physiquement, mais aussi sur le plan de l’imaginaire.
Le premier numéro de la revue Zinc est paru en septembre 2003 et déjà, avec le troisième numéro (été 2004), la revue marquait l’histoire littéraire au Québec (selon le quotidien La Presse, le journal Voir, le magazine Canada-français et d’autres sources) en se positionnant au cœur de la polémique opposant Victor-Lévy Beaulieu et la nouvelle génération d’auteurs, en publiant des lettres-réponses à VLB, qui était sorti publiquement contre les écrivains nés après 1970. La revue Zinc a rassemblé Stéphane Dompierre, Nelly Arcan, Marie Hélène Poitras et plusieurs autres sur la place publique et a été le porte-drapeau de la réplique des jeunes auteurs.
Nourrissant toujours les débats sur les blogues, en 2005, le numéro 6 de la revue Zinc, intitulé Nouvelles voix féminines a laissé une traînée de poudre et créé un débat virulent sur l’existence même d’une littérature féminine. Débat remis au goût du jour au moins tous les dix ans depuis les années 1970. La conclusion de cette querelle des femmes, revue et corrigée, a eu lieu dans le cadre d’une table ronde au Festival Métropolis bleu, au printemps 2007.
Ensuite, le numéro 10 de la revue, créé autour du thème Lettres à un jeune poète, en référence à Rilke, a suscité un intérêt très vif. Dans ce numéro, nous avons rassemblé des textes de Louis Hamelin, Monique Proulx, Yves Beauchemin, François Barcelo, Gil Courtemanche et bien d’autres auteurs établis, qui professent leurs meilleurs conseils d’édition, d’écriture et de lecture à la nouvelle génération.
La revue Zinc est un laboratoire. Nous y avons découvert de nombreux talents littéraires, de magnifiques discours. Mais nous y avons aussi découvert que le designer québécois Andy Thê-Anh s’est inspiré d’un livre de l’historien Michel Pastoureau pour créer ses vêtements, qu’il existe des gens qui voient de la poésie dans les listes d’épicerie qu’ils glanent par hasard, qu’un peintre préraphaélite peut inspirer une bande-dessinée à la musicienne Mélissa Auf der Maur, qu’il faut avoir un goût inné du récit pour conceptualiser un jeu vidéo chez Ubisoft ou que le célèbre journaliste judiciaire Claude Poirier rivalise en exploits avec les plus grands personnages de polars.
Pour s’épanouir, notre littérature a besoin d’un territoire particulier à raconter. Un territoire dans lequel plonger ses racines. La responsabilité des écrivains est d’intégrer notre territoire dans notre littérature. Nous nous devons d’imiter Gaston Miron et de « cerner et définir notre appartenance, notre spécificité en même temps que notre relation au monde et aux hommes ». Comment se définit la littérature québécoise? « Il faut se tenir à égale distance du régionalisme et de l’universalisme abstrait, deux pôles de désincarnation, deux malédictions qui ont pesé constamment sur notre littérature. »
Zinc se pose comme un champ d’action, de démonstration, une tranchée où se cachent les essayistes et auteurs de demain. Zinc est un village gaulois au fond de l’océan de la culture éditoriale francophone.